Psychanalyse du sujet numérique

Introduction

L’avènement de la virtualité dans nos usages quotidiens a occasionné un véritable bouleversement dans notre rapport au monde. J’ai fait le choix d’utiliser le terme de « métamorphose » pour désigner cet impact du virtuel dans notre vie – et plus particulièrement sur le sujet –, car la métamorphose est changement de forme et non de fond (la chenille et le paillon à cet égard n’ont pas la même forme mais gardent un ADN identique). De plus, le temps de la métamorphose – qui est le passage d’une forme larvaire à une forme juvénile ou adulte – se décompose en trois moments : l’état initial larvaire, la mue et enfin la forme aboutie, adulte. J’établirai donc un parallèle entre notre société « en pleines métamorphoses » – qui pourrait atteindre un nouveau stade de son développement – et la métamorphose des subjectivités, notamment à partir de trois moments : la subjectivation (état initial), la désubjectivation (la mue) et la resubjectivation (la forme aboutie, le résultat de la métamorphose). Ainsi, les métamorphoses du sujet à l’ère du virtuel se résument à ce mouvement en trois temps : Formation du sujet et donc la subjectivation. C’est l’événement du sujet de la conscience. Le sujet de la conscience est aussi sujet de désir. Ce moment correspond au Moyen Âge et à la Modernité. Déformation du sujet et donc désubjectivation. C’est l’événement du sujet de l’inconscient (psychique et social) qui vient remettre en cause plusieurs siècles de définition du sujet. Le sujet de l’inconscient est aussi sujet de la jouissance. Et enfin Transformation qui inaugure l’avènement du sujet du virtuel, véritable subjectivité augmentée, sous la forme de nos identités numériques. Il s’agira d’analyser cette métamorphose des subjectivités, depuis ses fondations jusqu’à ses dérives, notamment sous la forme du symptôme et sous l’angle politico-social qui en appelle à la création d’une « éthique du sujet numérique ».